L'objectif général de ce document d'orientation est de fournir des recommandations aux autorités nationales et locales sur la manière de répondre à l'informalité dans les villes. Le document d'orientation met l'accent sur les deux caractéristiques principales de l'informalité urbaine : les implantations sauvages et le secteur informel.
Ce document d'orientation met l'accent sur les deux caractéristiques principales de l'informalité urbaine : les implantations sauvages qui fournissent un abri et le secteur informel qui fournit le plus d'emplois. Les implantations sauvages sont créées pour diverses raisons, notamment la croissance urbaine rapide, le manque de ressources des autorités locales, le manque de gouvernance et la médiocrité des politiques urbaines. Même si les défis sont différents selon les régions, les résultats sont globalement similaires : villes inefficaces sur le plan spatial, inégalités socio-économiques importantes, dues à un accès limité à la terre, au logement et aux infrastructures et services municipaux de base. De même, le secteur économique informel découle d'un manque d'opportunités d'emploi dans le secteur formel, de préjugés et d'exclusion sociale et d'un décalage entre les compétences et les opportunités d'emploi.
L'informalité est un facteur clé de la réussite des économies émergentes, tout en générant des inégalités socio-spatiales. Comprendre et aborder la dynamique de l'informalité est donc stratégique. Ce document d'orientation propose aux collectivités locales une feuille de route pour la mise en place de nouveaux partenariats urbains entre les municipalités, le secteur privé et les citoyens, jetant ainsi les bases de l'identification de solutions à des problèmes statiques au niveau des villes.
L'informalité est bien reconnue au niveau mondial, en particulier par les programmes mondiaux de l'après-2015, notamment le programme de développement à l'horizon 2030, l'Accord de Paris sur le climat et le Nouvel agenda urbain. Le Nouvel agenda urbain prend en compte le rôle joué par les implantations sauvages et les moyens de subsistance informels dans les villes, essentiellement parce que les deux sont liés et englobent des communautés vulnérables dont l'avenir déterminera si les États membres respectent leur engagement à « ne laisser personne de côté » et, effectivement, à ne laisser aucun endroit de côté.
Cependant, depuis l'adoption de ces programmes mondiaux, les progrès restent modestes. Le rapport du Rapporteur spécial sur le logement convenable pour 2018 critique le fait que les personnes vulnérables continuent d'être poussées dans les implantations sauvages, sans système de sécurité d'occupation ni de services de base, avec des conditions de vulnérabilité exacerbées par les catastrophes liées au changement climatique. Le rapport note que « ces conditions sont insoutenables et équivalent à des violations de multiples droits de l'homme ».
Cette position souligne les engagements pris par les États membres dans le Nouvel agenda urbain en reconnaissant l'inclusion et la prise de décision collective en matière de gouvernance urbaine comme point de départ pour des établissements humains résilients et durables. Le programme préconise des établissements humains qui remplissent leur fonction sociale, y compris la fonction sociale et écologique de la terre, qui sont inclusifs et garantissent l'égalité des droits pour les femmes.
Bien que les implantations sauvages soient généralement occupées par les couches les plus pauvres de la population, elles abritent également des travailleurs des services essentiels tels que la police, les sapeurs-pompiers, les enseignants, le personnel infirmier et les employés du gouvernement. Le coût du logement est un problème croissant, non seulement pour les bas revenus, mais également pour la classe moyenne. Selon la recommandation 204 de l'OIT, la majorité de ces personnes sont poussées dans l'économie informelle « non par choix, mais par manque de meilleures opportunités dans l'économie formelle et par l'absence d'autres moyens de subsistance. » La recommandation préconise la transition progressive des travailleurs et des unités économiques de l'économie informelle vers l'économie formelle, la protection des moyens de subsistance existants, la création d'entreprises et d'emplois décents dans l'économie formelle et la prévention de l’informalisation du travail formel.
L'Accord de Paris sur le changement climatique reconnaît également la nécessité d'une « transition juste pour la population active et la création d'emplois décents et de qualité » afin de relever les défis du changement climatique. L'accord note en outre que les mesures prises pour lutter contre le changement climatique doivent prendre en compte les droits de l'homme, en particulier ceux des « personnes vulnérables et le droit au développement, ainsi que l'égalité de genre, l'autonomisation des femmes et l'équité intergénérationnelle ». Par conséquent, les plus vulnérables doivent être protégés des effets néfastes du changement climatique.
Enfin, le Programme 2030 a abordé les principales causes des inégalités socio-spatiales et économiques par le biais du premier objectif de développement durable, qui vise à éliminer la pauvreté extrême, à mettre en place des systèmes de protection sociale appropriés, à garantir l’égalité des droits aux ressources économiques et aux services de base, à la propriété et au contrôle de la terre et d'autres formes de propriété. L'objectif vise également à « renforcer la résilience des pauvres et des personnes en situation vulnérable et réduire leur exposition et leur vulnérabilité aux phénomènes climatiques extrêmes et à d'autres chocs et catastrophes d'ordre économique, social ou environnemental. » Les autres objectifs de développement durable qui traitent de l’informalité comprennent : ODD 8 sur le travail décent et la croissance économique, ODD 10 sur la réduction des inégalités et ODD 11 sur le logement adéquat, sûr et abordable. Ces objectifs visent à préserver et à améliorer le bien-être des personnes vulnérables.